De Jacques Sauvageot en novembre 1992,
Michel Pagnoux a toujours revendiqué le droit à la peinture, et même à la tradition de la peinture. Sa connaissance et son interêt pour toutes les formes d'expressions contemporaines ne l'ont jamais fait dévier de ce qu'il pensait et pense encore et toujours être sa voie personnelle : la pratique de la peinture.
Une peinture d’aujourd’hui, moderne. C’est à dire, pour paraphraser le célèbre "inventeur" de la modernité, dégageant de l’instant ce qu’il a de poétique, tirant l’éternel du transitoire. Une peinture qui part d'une conjonction entre un regard extérieur — sur un paysage, un objet, un choc de mots — et un regard intérieur qui parle de lumière, d'émotion, de silence. Une peinture qui parle du plaisir, du plaisir de faire — même si l’inquiétude ou l’hésitation transparaissent sous l'aisance, l'harmonie, l'équilibre — et du plaisir de regarder aussi, de regarder des oeuvres bien faites et qui pourtant donnent toujours l’impression que seul le regard contribue à leur dévoilement.
"J'aimerais que ma peinture soit simple" dit un jour Miche1 Pagnoux. Sans aucun doute, il y a une simplicité dans cette peinture qui contribue à sa profondeur : celle qui consiste à penser qu’un tableau est une composition de formes, de matières, de couleurs qui peut créer du sens et parler au peintre comme au spectateur ; celle qui affirme que la peinture est suffisamment éloquente pour ne pas avoir besoin de justifications ou de prétextes qui, en fait, détournent l’attention et passent à côté de l’essentiel.
La peinture de Michel Pagnoux refuse donc, fondamentalement, aussi bien l'anecdotique que la prétention ; elle repose sur la qualité de sa présence ; présence des couleurs, des matières, rapports à la surface, au format ; le spectateur est invité à circuler dans ces paysages poétiques, ces horizons sont toujours un au-delà de ce qu'il y a à voir. Cette expérience, nous la connaissons bien ; elle a toujours constitué la voie de la peinture. Michel Pagnoux nous invite à poursuivre le chemin.
Page écrite pour l’exposition organisée par la Galerie Oniris de Rennes Galerie La Forêt, rue du Dahomey. 75011. Paris.
Une peinture d’aujourd’hui, moderne. C’est à dire, pour paraphraser le célèbre "inventeur" de la modernité, dégageant de l’instant ce qu’il a de poétique, tirant l’éternel du transitoire. Une peinture qui part d'une conjonction entre un regard extérieur — sur un paysage, un objet, un choc de mots — et un regard intérieur qui parle de lumière, d'émotion, de silence. Une peinture qui parle du plaisir, du plaisir de faire — même si l’inquiétude ou l’hésitation transparaissent sous l'aisance, l'harmonie, l'équilibre — et du plaisir de regarder aussi, de regarder des oeuvres bien faites et qui pourtant donnent toujours l’impression que seul le regard contribue à leur dévoilement.
"J'aimerais que ma peinture soit simple" dit un jour Miche1 Pagnoux. Sans aucun doute, il y a une simplicité dans cette peinture qui contribue à sa profondeur : celle qui consiste à penser qu’un tableau est une composition de formes, de matières, de couleurs qui peut créer du sens et parler au peintre comme au spectateur ; celle qui affirme que la peinture est suffisamment éloquente pour ne pas avoir besoin de justifications ou de prétextes qui, en fait, détournent l’attention et passent à côté de l’essentiel.
La peinture de Michel Pagnoux refuse donc, fondamentalement, aussi bien l'anecdotique que la prétention ; elle repose sur la qualité de sa présence ; présence des couleurs, des matières, rapports à la surface, au format ; le spectateur est invité à circuler dans ces paysages poétiques, ces horizons sont toujours un au-delà de ce qu'il y a à voir. Cette expérience, nous la connaissons bien ; elle a toujours constitué la voie de la peinture. Michel Pagnoux nous invite à poursuivre le chemin.
Page écrite pour l’exposition organisée par la Galerie Oniris de Rennes Galerie La Forêt, rue du Dahomey. 75011. Paris.
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"Tu peindras seul"' (Michel Pagnoux)
"Je suis peintre, je peins, je fais de la peinture, je peins des tableaux ." Avec ces quelques phrases, Michel Pagnoux n’est pas seulement dans le constat. Il s’agit là d’une affirmation au sens fort du terme, d’une prise de position, d’une posture, pourrait-on dire, née d’une réflexion qui accompagne et structure sa pratique de la peinture, mais qu’il sait taire. Partager l’argumentation permet non seulement au peintre de définir et de revendiquer son art mais éclaire son oeuvre pour le destinataire que nous sommes, tout en la menant en perspective par ses liens avec d’autres courants et d’autres artistes.
Rien d’élémentaire, donc, dans cette affirmation d’être un peintre. "Dans la grande diversification des pratiques artistiques de ces dernières décennies, explique Michel Pagnoux, la peinture a pu être considérée comme une pratique qui touchait à sa fin, obsolète, voire dépassée dans une société basée sur des pratiques de communication plus immédiates. Pour être ce que je suis, il s'agit que je sois peintre. Il va de soi que les questions que je me pose sont propres à la peinture: nature de l'espace pictural, de la lumière, situation et statut de la représentation s’il y en a une, mise en oeuvre de toutes les phases techniques et plus conceptuelles du tableau. Quel sujet? De qui va-t-il s’agir? Que va-t-il se passer ? Pour mon compte, j’ai fait le choix, après un circuit de peinture compliqué, de m’en tenir à la représentation de ce que j’appelle un verre d’eau, résumé à une forme très élémentaire, un petit tronc de cône que je cherche à mettre en situation dans l’espace du tableau. Dans le registre pictural, la base de tout cela, c’est bien sûr l’idée de la nature morte qui pose des objets et les donne à voir, à recevoir dans un espace pictural. Progressivement le travail s’est beaucoup décanté, j’ai cherché à éliminer tous les éléments un peu secondaires qui pouvaient perturber la représentation ou la compliquer à l’excès. Mes mots d’ordre, dans l’atelier, sont "décantation", "simplification". Cette multiplication à l’identique du même objet (le verre d’eau), pourrait paraître très convenue. Ou relever d’un esprit trop sériel. Au contraire, il est très difficile de situer un simple objet dans l’espace du tableau, les questions sont multiples: où ? comment? à quelle échelle ? Quels vont être son “mode d’apparaître” et sa relation à l’espace qui l’environne ? Il aura fallu beaucoup de tableaux, de temps et d’expérience pour parvenir au travail actuel. D’un tableau à l’autre, les questions restent éminemment picturales." Pouvoir situer son travail dans l’histoire de l’art, donc dans le temps, est aussi fondamental pour Michel Pagnoux. Le peintre ne regarde pas seulement du côté de la nature morte, de Chardin, de Morandi ou de Bonnard. Il s’intéresse aussi aux artistes des champs colorés, comme Ad Reinhardt, "peintre de la peinture ultime, au bord du monochrome", dont la réflexion n’est pas non plus étrangère à celle qu’il développe aujourd’hui lorsqu’il dit rechercher “l’émanation de la lumière par les procédés mêmes de la peinture”. Cette mise en relation possible de peintres éloignés dans le temps les uns des autres par delà les ruptures, fait donc émerger des traits communs. C’est dans cette lignée, dont la peinture est porteuse, que Michel Pagnoux souhaite rester, avec son propre questionnement de peintre et en y apportant des réponses qui soient contemporaines. Dès lors, cette mise en perspective historique et esthétique de la recherche pose autant de jalons qui éclairent à la fois l’oeuvre et le spectateur qui la regarde pour créer l’évidence recherchée.
Ce texte, dont l'auteure est ici remerciée, publié sous l'égide du Conseil Général de la Dordogne, depuis légèrement repeigné pour l'actualiser, conclut une quinzaine d'années de travail d'atelier en Périgord, consacré au Verre d'eau, cher à Francis Ponge, à l'occasion de l'aquisition d'un tableau par le Fonds Départemental d'art contemporain de la Dordogne...
Ce thème, conduit sans trève de 1992 à 2006, l'a, depuis, cédé à une préocupation résumée à la lumière de la couleur dans l'espace du tableau. Débordé, le Verre d'eau a disparu. Reste le champ du pictural qui pourrait occuper le peintre les années à venir. C'est ce dont ce site se voudrait le témoin.